Un sublime manteau de givre habillait les plantes dénudées de leur verdure. Des milliers de petits cristaux blancs dansaient langoureusement dans les airs, caressant délicatement les courbes du vent. Je sentais l’haleine brune de la terre se dessiner à chacun de mes pas.
Je pris une longue inspiration, goûtant ainsi la fraicheur de l’hiver puis, je laissai un paresseux nuage s’échapper de mes lèvres entrouvertes. Suivant ses derniers instants, je resserrai ma longue cape sur mes épaules. Mes bottes ne se distinguaient plus du sol recouvert de neige, ni moi d’ailleurs! Un sourire fendit mon visage, « Ah! Antonio! Il me tarde de te revoir! » Cette idée m’emplissait d’une joie impérissable.
Une seconde lettre m’était parvenue à Vastania, mais celle-ci, je n’en reconnaissais pas le sceaux…
Mes doigts, légèrement engourdit par le froid, ne me permettaient pas de la décacheter céans, sur la Grand route. Je pris donc, la décision de m’enfoncer au cœur de cette blancheur.
Je passai devant l’Auberge du village, cette piètre chaumière ne rendait pas grâce à celle, plus vaste, de l’ancienne Vastania. À mon humble avis, il serait plus que temps que quelqu’un s’en charge dignement! Aussi, même si un feu s’emblait brûler à son âtre, je ne m’y arrêtai point.
Malgré l’apogée du grand disque de lumière, seulement quelques-uns de ses rayons me parvenaient. Cela semblait pourtant bien suffisant pour se réfléchir sur le voile imaculé qui m’entourait et par le même fait, m’aveugler! Je plissai les yeux, tentant de diserner ce qui se trouvait devant moi. Je soulevai mes lourdes jupes blanches afin de me permettre d’avancer plus aisément vers ce que je croyais être la décente de la forge.