Interlude
Si vous, posteurs, décidez d'ouvrir la l'enveloppe, voici le message qu'elle contient:
Réflexions
Je regrette Rodan. Lui qui avait toutes les possibilités en main, lui qui a gaspillé son privilège de façon si irréfléchie! Pourquoi avoir voulu absolument diffuser ce qu’il appelait le mal en cette terre? Était-il bête à ce point? Je serai la prochaine à accéder au panthéon et je ne commettrai pas la même erreur que lui.
Le bien et le mal n’existent pas. Ce ne sont que des prétextes pour créer les divers conflits entre les peuples. Chaque personne est une combinaison hasardeuse de ce qui est appelé bien et mal et ce, par les actions qu’elle pose. Personne n’agit totalement de façon bonne. Personne n’agit totalement de façon mauvaise. J’en suis la preuve vivante.
Je veux nous libérer des divinités qui ont fait de ce monde cette horreur, mais pour cela, il faudra les détruire. Tous. Il faut anéantir le panthéon pour que l’humanité puisse dépasser ce qu’elle est. Je suis consciente de l’époque stagnante dans laquelle nous vivons. Il est temps d’évoluer, malgré les risques que cela comporte. Certains fidèles religieux souffriront, d’autres mourront, mais ce sera pour le mieux. Ce sera...pour notre libération. Je veux supprimer la guerre, je veux supprimer les inégalités sociales et religieuses et favoriser ce qui réellement important, oui! Je parle ici de la connaissance, de l’innovation, de l’égalité et de la fraternité. Je veux engendrer une société moderne qui ne sera pas exploitée par des dieux avares des pouvoir.
Cette révolution, nous l’avons déjà entamée avec le système économique engendré par le commerce. C’est sur des choses comme celle-là qu’il faut se baser pour créer la société dont je rêve.
Et l’art me viendra en aide.
À la vie, à la mort et dans le plaisir absolu!
J’ai toujours été passionnée des arts, de la littérature et de la philosophie. Les gens disent que j’ai l’esprit d’une révolutionnaire, que j’ai la force de faire changer le monde. Ils ont raison. Depuis l’âge où j’ai su réfléchir et analyser, je trouve l’humanité fort ennuyeuse. Les autres sont très conservateurs de leurs valeurs – qui sont d’ailleurs souvent en lien avec la guerre, la loyauté, la collectivité et la religion. Souvent, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et j’en suis considérablement déçue. Toute cette bêtise et ces idées fixes ne font que cacher la personne unique et intéressante qu’ils sont vraiment. Quel dommage. Ceci dit, je nommerai ces gens les Conservateurs.
D’autres, sont véritablement plus captivants. Il s’agit de ceux dont l’esprit est ouvert, ceux dont les connaissances passionnent, mais ceux qui ne bougent jamais lors d’un conflit. Souvent sages, mais si peu engagés! Ceci dit, je nommerai ces gens les Érudits.
Finalement, il y a ceux qui ne savent pas formuler une phrase intelligible et qui peinent à mettre un pied devant l’autre correctement. Ceci dit, deux types d’individus peuvent faire partie de cette catégorie: Les Andouilles et les Saoulons.
À première vue, les gens me qualifient de charismatique emmerdeuse. Ils n’ont pas tort. En plus d’être une poète accomplie, je suis conteuse, troubadour, comédienne et dessinatrice. Ces par ces moyens que j’arrive à gagner le cœur des gens que je côtoie. Malheureusement – quoique bien heureusement pour moi – il y a un côté moins reluisant de ma personnalité qui fait en sorte que les autres me jugent en tant qu’emmerdeuse. Oh, bien évidemment, je taquine souvent les Conservateurs et je nargue les Andouilles en combat, mais je suis aussi fortement avide d’argent. Il m’arrive alors parfois de devoir « emprunter de l’argent à très long terme ». Je suis aussi une manipulatrice-née ainsi qu’une adepte de la flatterie, ce qui me permet de parvenir facilement et rapidement à mes fins.
Je suis ce que je fais. Je suis une révolutionnaire et mes actions me mèneront là ou je le désire. Que j’y trouve la vie ou la mort, ce sera dans le plaisir absolu!
Aboutissement d’un long périple
Il y a de cela vingt ans, j’ai trouvé un étrange objet dans les catacombes de la bibliothèque commune d’Orinias Verdinia. J’avais pris l’habitude de m’aventurer dans les coins les plus sombres de cette bibliothèque et ce, par simple curiosité. J’étais loin de croire que ce que j’allais dénicher allait changer mon existence. Je suis tombée sur le Miroir des Âmes.
Eryn, mon père, était un chasseur de trésors accompli. Il m’a souvent raconté ses aventures sur l’autre continent et il m’a même confié un jour que c’est lui, avec l’aide de ma mère, Ceilan et de celle d’un de ses compagnons de route de l’époque dont je ne me souviens plus le nom, qui a découvert le Miroir des Âmes. Il ne m’en a parlé que vaguement, mais j’en savais déjà assez, lors de ma trouvaille, pour pouvoir m’en servir.
Le Miroir des Âmes a comme propriété de montrer l’Âme de la personne qui s’y regarde. L’Âme peut prendre la forme d’une personne vivante, décédée ou qui n’existe pas encore. Si la personne réussit à trouver son Âme, elle pourra aspirer au dépassement de soi, ce qui veut dire qu’elle pourra voir tellement clair (en parlant de clairvoyance) qu’elle pourra accomplir tout ce qui lui plaira de faire. Mon désir le plus profond est d’accéder au panthéon pour pouvoir délivrer l’humanité des dieux. Le pouvoir du Miroir des Âmes en effet très élevé. C’est pour cela que seules les personnes qui savent ses propriétés peuvent s’en servir. Cela prend aussi un certain degré d’intelligence. Un parfait idiot ne peut pas s’en servir pour avoir quelques pièces d’or par exemple.
Lorsque je m’y suis regardée, le Miroir des Âmes m’a renvoyé le reflet d’un jeune homme, probablement dans la vingtaine. Je savais pertinemment que si je voulais accéder au panthéon, je devais le trouver, peu importe ce qu’il allait faire pour moi – car à cette époque, je l’ignorais!
Je l’ai cherché pendant presque vingt ans pour finalement tomber sur lui par hasard à la sortie de l’auberge de Vastania, un après-midi pluvieux, dans des circonstances du moins...fortuites.
Je venais de terminer un conte à l’auberge et je rentrais à mon campement. Après tout, je n’étais sensée qu’être de passage à Vastania. Un peu perdue dans mes pensées, j’ai sursauté quand le jeune homme a bondit devant moi. Je ne l’ai pas tout de suite reconnu en tant qu’Âme. Il m’a regardée de la tête aux pieds pour finalement mettre un genou à terre et s’incliner en me disant qu’il avait la mission de me protéger peu importe ce qu’il m’arriverait. Carrément confuse, j’ai demandé des explications et comme réponse, il m’a pointé le pendentif que je portais au cou.
C’était un pendentif des plus ordinaires, malgré le fait que je n’en aie jamais vu des semblables. Il était taillé dans un métal pauvre et il représentait une feuille de vigne.
L’inconnu en avait un identique. C’est à ce moment qu’il a levé la tête et que je l’ai reconnu. Je venais à ce moment d’achever la quête que je poursuivais depuis presque vingt ans. J’allais pouvoir commencer celle qui durerait jusqu’à la fin de mes jours.
L’Âme, enfin
Il s’appelait Raziel. Il descendait d’une grande famille de mages. Un peu du type Érudit, mais il avait quelque chose de différent des autres individus de cette catégorie. Il se disait passionné de magie et les malédictions, les maladies et le sang l’intéressaient fortement. Je ne comprenais pas vraiment comment un jeune homme si philanthrope pouvait s’intéresser à des choses si noires et j’hésitais à lui poser la question.
Selon lui, j’étais issue d’une prophétie. Il m’avait cherchée pendant cinq années. Depuis des générations, les gens de sa lignée avaient pour tâche de protéger une personne en particulier tout au long de leur vie. Ça a tombé sur moi.
Raziel était très différent des autres mages de sa lignée. Il ne valorisait pas les idées de paix, de bonheur et de tranquillité. «Le monde n’est pas comme ça, me répète-t-il souvent. Si tout dans cet univers était beau et facile, alors il ne serait qu’illusion. Et d’un ennui total en plus! Le mal est souvent synonyme de vérité et il faut savoir en user pour faire prendre conscience aux autres de leurs absurdes convictions. » Dans ces moments, je renchérit: « C’est à cause de ces convictions que le monde n’est que discorde. Les gens sont bien dans leurs croyances et veulent y rester, mais, est-ce cela le but de l’existence? De doit-on pas créer des conflits pour pouvoir évoluer? C’est malheureux, mais je crois que la vérité a plus de valeur que le bien en soit. »
Raziel m’a avoué que, lors de la cérémonie ou il devait être mis au courant de la prophétie, il s’est prononcé comme étant un fervent priant de Destymone, ce qui était totalement scandaleux pour tous les membres de sa lignée. Il a été chassé de son village à grands coups de pieds dans le derrière. Cela l’arrangeait, en fait, parce que cet exil allait lui permettre de pouvoir me chercher plus librement. Il ne savait pas à quoi je ressemblais. La seule information qu’il avait eue était le fait que je porte ce pendentif représentant une feuille de vigne. Il avait le même. Il n’a pas douté un seul instant, lors de notre rencontre, que j’étais celle qu’il cherchait depuis un long moment déjà.
Malheureusement, je ne l’ai connu que peu de temps. Il est décédé au milieu de l’été en tentant de me sauver la vie. Je n’ai pas envie d’en parler. J’ai cru d’abord que tous mes rêves étaient brisés et que plus jamais je n’allais retrouver l’espoir d’accomplir mon destin. Je me trompais. C’est lors d’un récent voyage au sud de Vastania que j’ai découvert la vraie valeur de cette Âme. C’est un artiste voleur bien talentueux dénommé Kamen qui m’a fait comprendre que cette Âme m’avait donné, par son départ, le courage de surmonter les pires épreuves de la vie. J’ai passé peu de temps avec lui, mais il m’a éclairée. Maintenant, je suis prête à affronter n’importe quoi. Il m’a appris à ne plus avoir peur de la mort, ni des conséquences. Ici, j’ai ma place. J’ai des amis, des alliés, des gens pour m’aider, pour me soutenir. C’est grâce à eux que j’accomplirai mon destin.
J’avais déjà une idée sur comment j’allais monter au panthéon. Cette idée, c’était l’art, tout simplement. Synonyme de liberté, d’innovation et de dépassement de la réalité, il allait me guider vers la révolution et entraîner tous les autres au passage. L’art n’a rien de bien, rien de mal. Il ne fait qu’être. En y dédiant ma vie, j’espère qu’il me donnera le spasme nécessaire pour accomplir ce qui aurait déjà dû être fait depuis longtemps.
Puis, à l'encre barbouillé par des larmes séchées:
CETTE RÉVOLUTION N'EST PAS POUR MOI JE NE SUIS QUE LA POUSSIÈRE RESTANTE DE CES RÊVES ANÉANTIS. ADIEU.